
Dans le cadre de sa mission prospective sur les impacts de la transition énergétique et environnementale dans le secteur de l’immobilier, l’IFPEB s’intéresse naturellement à l’économie circulaire. Ceci, à la fois pour tester des bonnes pratiques mais aussi pour les promouvoir auprès de la profession. Consacré aux aménagements intérieurs des espaces de travail, le projet Workspace Future donne corps à sa démarche de concertation entre industriels et directions immobilières.
Cédric Borel, directeur de l’IFPEB : c’est une conséquence logique de notre positionnement de consultants mutualisés, spécialistes de la transition énergétique et environnementale dans ce secteur. Nous accompagnons nos adhérents, qu’ils soient constructeurs ou fabricants de solutions, dans l’amélioration de leurs pratiques. Sans aller jusqu’à la labellisation ou la certification, nous agissons plutôt au plan contractuel, pour faire évoluer la rédaction des cahiers des charges, en fonction de ce qui est possible aujourd’hui… en plus de ce qui est souhaitable pour l’environnement bien sûr. Côté régulateur, nous agissons pour que les curseurs se déplacent du côté d’exigences plus importantes, afin que ceux qui investissent sur ces transitions ne soient pas pénalisés, par rapport à ceux qui ne font rien.
Cédric Borel : il y a l’exemple de la gestion complète du cycle de vie des cloisons internes à monter sur les chantiers, depuis l’approvisionnement jusqu’au retrait et au recyclage, en passant bien sûr par la pose. Nous avons démontré qu’en réorganisant les processus de stockage intermédiaire, en spécialisant des équipes de monteurs/démonteurs et en prenant en compte, dès le début, le futur remplacement et l’éventuelle seconde vie d’une cloison, il y avait des économies de l’ordre de 50 % à réaliser, en plus d’importants gains sur les émissions de GES. Il y a clairement un déplacement de la valeur côté services, tandis que l’empilement des marges sur les produits eux-mêmes se réduit.
Cédric Borel : les aménagements de bureaux sont emblématiques du sujet. On ne compte plus les cas où une moquette quasi neuve, posée par le promoteur en vue de la commercialisation de son programme, est jetée pour faire place à une nouvelle décoration, plus en adéquation avec les valeurs et les choix de l’entreprise prenant le bail.
D’une façon générale, le secteur des bureaux se caractérise par la rotation rapide du second œuvre. Nous ne pouvons pas supprimer cela mais en revanche, on peut mettre de l’intelligence dans la façon de penser, dès l’installation des aménagements d’un premier bail, au choix des matériaux, des techniques de pose, des procédés d’entretien aussi. Le tout doit permettre d’organiser le réemploi de ce qui peut l’être, de faciliter le recyclage du reste, d’augmenter la longévité des produits ou encore de faciliter les opérations de démontage.
Cédric Borel : Il y a déjà beaucoup de solutions intelligentes disponibles. Notre rôle est de faire évoluer les demandes, pour que les choix des maîtrises d’ouvrage s’orientent vers ces réponses meilleures pour l’environnement. Les poses sans colle, qui concernent par exemple les moquettes, font parties de ces solutions. Mais il y en a beaucoup d’autres.
Cédric Borel : Nous avons fait le choix de ne pas nous limiter à, ou de privilégier telle ou telle approche. Après tout, nos réponses sont censées être très flexibles, elles peuvent donc s’adapter aux changements d’organisation aussi. Il y a déjà beaucoup à faire avec l’obsolescence du design ! Mais pour y parvenir, il faut aller au fond des choses, passer du Powerpoint au tournevis comme nous avons coutume de le faire.
Cédric Borel : Déjà, dans nos locaux ! Nos cloisons ont été récupérées dans un immeuble de la Défense et elles font notre fierté. Sinon, il y plusieurs démonstrateurs en cours, qui aboutiront d’ici quelque mois. Je peux vous citer, côté MOA, Poste IMMO, RATP Real Estate, qui travaillent notamment avec la fédération ENVIE. Et côté promoteurs, Eiffage et BNP Real Estate.