Gauthier Montois, Nacarat : « Il y a eu des progrès spectaculaires sur l’esthétisme des sols PVC »
Coté Sols : Vous êtes responsable du référentiel produits chez le promoteur immobilier Nacarat. Quel est votre rôle ?
Gauthier Montois, directeur Produits, Nacarat : Notre société fait partie de ces promoteurs d’origine régionale – pour nous le Nord avec l’entreprise Rabot Dutilleul – qui ont pris une dimension nationale et disposent désormais d’un réseau d’agences qui couvre le territoire. Nous produisons environ 2000 logements par an – sur 100 000 environ pour la profession, NDLR.
Mon rôle consiste à mettre en place un référentiel de prestations, c’est-à-dire une boite à outils qui, concernant les revêtements de sol, inclut les produits. L’objectif n’est pas forcément de réaliser des économies par des achats en volumes, car chaque agence reste autonome dans ses choix et les tarifs de pose peuvent être notablement différents. Nous avons tout de même instauré un prix maximum autorisé. En revanche, nous avons une volonté forte de garantir une cohérence d’image dans l’ensemble de nos réalisations. Tout ce qui est visible pour le client, les sols en particulier, fait donc partie de ce référentiel. Il y a enfin un gain de temps, car les tests produits ne sont réalisés qu’une fois.
Côté Sols : Pourquoi ces vérifications sur les produits, alors que de nombreuses normes existent déjà, censées en garantir la qualité et le respect des réglementations en matière de sécurité, d’hygiène, de santé ?
Gauthier Montois : Les classements de type AFSET ne s’avèrent pas assez contraignants. Les fabricants sérieux obtiennent tous des notes A+, ce qui n’est pas assez différenciant.
Par ailleurs, et surtout, en tant que promoteur, nous sommes au cœur de la chaîne de responsabilité vis-à-vis des futurs occupants de nos logements. Cela nous oblige à anticiper sur les évolutions de réglementations et les exigences, notamment sanitaires, à venir. Par exemple, dans la mesure où les bâtiments sont de plus en plus isolés, avec un véritable effet « thermos » à l’intérieur, la question de la qualité de l’air intérieur devient prégnante, en particulier dans les crèches. Notre collaboration avec les fabricants qui anticipent, eux-aussi, sur les futures demandes des régulateurs, est donc tout à fait essentielle.
Côté Sols : Quelles places occupent les sols PVC dans votre catalogue de solutions ?
Gauthier Montois : Ils ont une image particulière auprès de la clientèle. Ils sont vus comme pratiques et pas chers. Ce qui permet d’envoyer un message attractif aux investisseurs qui vont louer leur logement, car ils comprennent de suite, en lisant le cahier des charges, que ce poste a été optimisé et qu’ils auront peu de difficultés, ultérieurement, à réparer des parties de sol endommagées, ou à les remplacer. En revanche, ceux qui vont habiter le logement ont l’impression, injustifiée selon moi, de ne bénéficier que d’un premier prix et d’une qualité moindre. En fait, il faut bien admettre que le terme de sols PVC, avec l’image qui lui est associée, pose problème.
Côté promoteurs aussi, cela joue encore négativement. Moins cependant car les qualités techniques – acoustique, facilité d’entretien, résistance à l’usure – sont bien intégrées par la profession. Et il y a eu des progrès spectaculaires au niveau de l’esthétique.
Côté Sols : Y-a-t-il eu des accélérateurs pour l’adoption de ces sols PVC par les promoteurs ?
Gauthier Montois : Effectivement. Je pense à l’évolution de la réglementation concernant l’accessibilité des logements pour les personnes handicapées. Le respect des normes implique de réserver de plus grandes surfaces aux pièces à eau, les cuisines et les salles de bains. Du coup, il devient logique, notamment pour les studios, de ne plus utiliser qu’un seul revêtement pour l’ensemble de l’appartement, pour éviter la double pose. Et les sols PVC fournissent alors de très bons compromis techniques et esthétiques. L’émergence des lames clipsables PVC est également très intéressante, d’un point de vue esthétique.
Côté Sols : Vous pensez donc que ces sols souples ont un bel avenir devant eux ?
Gauthier Montois : Absolument, surtout si, comme je vous le disais, ils changent de nom ! Plus sérieusement, il y a de très belles perspectives avec ces produits, qui font vraiment bouger les lignes en matière de revêtements de sol, avec d’ailleurs désormais des recouvrements de prix avec d’autres solutions (carrelage, moquette, stratifié, etc). Je pense à un produit comme Allura chez Forbo, qui propose une gamme vraiment très attrayante. Mais vous noterez qu’il ne dispose pas de sous-couche acoustique, ce qui n’est pas grave, si c’est la chape qui assume ce rôle. Du coup, nous avons la possibilité de traiter les aspects décoration indépendamment des aspects acoustiques, ce qui est très intéressant. Pour que le mouvement s’accélère, il faut juste que les professionnels de l’immobilier soient plus assidus sur les stands des fabricants, lors des salons professionnels. A titre personnel, j’y ai vraiment découvert de très belles choses.